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Pourquoi l'économie organique ?

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Pourquoi l'économie organique ?

    Je ne vous refais pas le laïus de tout ce qui va mal, parce que vous avez lu l'article susmentionné de découverte qui vous a bien fait comprendre que tout part en sucette. C'est un fait assez frappant et chacun trouvera volontiers de quoi se plaindre du capitalisme, bien qu'il se contentera généralement d'en dénoncer de faux responsables. Car, oui, sachez-le : les coupables ne sont ni les chômeurs (souvent premières lignes d'accusation), ni les fonctionnaires (tout pareil), ni les politiciens (ah bon ? Tu es sûr ?), ni même les riches (non, là ce n'est pas possible). En vérité, les coupables ne sont pas humains. La vérité est plus simple.

L'humain est conditionné par les outils qui structurent sa société.

    Voilà, je vous l'ai mis en gros pour que vous ne puissiez pas le rater. On pense souvent que ce sont les humains qui construisent les outils pour répondre à leurs besoins. Et c'était vrai, fût-il un temps. Notamment pour les outils simples : pelle, pioche, flûte, arc, table, etc. Mais si vous tentez de lire Le système technicien de Jacques Ellul, vous y comprendrez notamment que, une fois la technique particulièrement installée, comme dans nos sociétés, les nouveaux outils créés sont là pour répondre aux problématiques posées par les précédents. Ce qui implique une couche d'abstraction, le fameux système technicien. Et ce sont alors les outils qui structurent la société et, donc, nous conditionnent. Bon, je résume un peu grossièrement mais je ne m'étale pas trop ici sur ces visions philosophiques plutôt complexes. En tout cas, vous visualisez sûrement un peu la piste de réflexion.

    Me concernant, je catégorise l'ensemble des problématiques urgentes à résoudre (à l'échelle mondiale, soyons gourmands) en quatre groupes : les problématiques écologiques, économiques, sociales et sociétales. Ce qui donne le schéma suivant.

 

    Bien sûr, certains éléments pourraient être dans une autre catégorie, voire dans plusieurs à la fois. Aussi, ce n'est pas exhaustif et nous pourrions étoffer ces listes à rallonge, mais ce n'est pas nécessaire ici. Ce qui compte, c'est de visualiser ce dont nous parlons.

    La plupart des gens, si ce n'est tous, ont une approche symptomatique : "si on guérit tous les maux de ce tableau, alors tout rentrera dans l'ordre". C'est cliché, mais c'est ce que tout le monde fait et/ou pense. En plus, le système est un peu plus complexe que ça parce qu'il y a des interactions entre les différents éléments, même entre des catégories différentes. Alors vous pouvez vous bagarrer pour que l'automobile ne soit plus omniprésente (problème sociétal et écologique) mais la nécessité de travailler pour gagner de l'argent (économique/social) vous oblige à en avoir une pour pouvoir atteindre votre lieu de travail. Donc, en général, rien ne se résout. Mais les pansements s'empilent. Parce qu'en réalité, prendre tout cela comme un mal à résoudre, une maladie à curer, c'est tout simplement être utopiste.


    Réparer chaque symptôme, sans voir l'ensemble comme un tout, c'est un peu le châtiment de Sisyphe qui doit pousser au sommet de la montagne un rocher qui, fatalement et inlassablement, re-tombe et roule jusqu'au pied de celle-ci. C'est à se demander si notre but est bien d'amener notre rocher tout en haut de la colline ou simplement de nous occuper en nous donnant bonne conscience.

    Mais dé-simplifions un peu le monde de Sisyphe : chaque fois que le rocher roule jusqu'en bas, il détruit quelques maisons et écrase quelqu'un (on est sur du caillou de compétition). Alors l'utopie sera de résoudre ces problématiques, c'est-à-dire de construire des maisons plus solides et de mettre des barrières renforcées et des passages interdits pour protéger tout le monde. Ce qui implique un boulot monstre et, surtout, une atteinte à la liberté de tous. Alors qu'on pourrait prendre le problème à sa source. Et pour cela, l'imagination est de mise. Un exemple serait d'éclater le rocher (ou Sisyphe pour qu'il arrête de le monter). Ainsi, avec très peu d'effort, tout est résolu. En plus, on a fait l'économie de ressources (pour construire les maisons solides et les barrières), d'atteinte aux libertés (tout le monde peut aller partout sans risque) et, surtout, de beaucoup de travail insensé.

    Donc, pour revenir à notre sujet, rien ne sert de résoudre chaque élément pris à part, il faut agir à la source des problèmes. Cette source, c'est l'économie et, plus précisément, la monnaie. Et, encore plus précisément, la monnaie qui a la caractéristique d'être réserve de valeur.

    

    "Réserve de valeur", aussi grossier et pompeux que cela puisse paraître, c'est pour résumer le fait que toutes les monnaies peuvent être stockées en quantité illimitée (à l'échelle humaine) et en temps infini (à l'échelle humaine aussi). C'est-à-dire qu'un million d'euros sur votre compte aujourd'hui, ça ne prend pas de place et ce sera toujours un million d'euros dans 50 ans.

    Je vois encore les petits malins du fond qui parlent de l'inflation et de la perte de valeur de la monnaie avec le temps. C'est vrai, mais nous parlons ici en valeurs absolues, pour simplifier. En gros, même si elle perd de la valeur, ça n'est rien comparé aux éléments naturels. Par exemple, une tomate perd de la valeur en une, voire deux semaines. Ce n'est en rien comparable au million d'euros qui va perdre quelques pourcents par an. Et c'est sans compter la rentabilité de ces euros sur un compte fructifiant. Donc la monnaie est bien réserve de valeur. Et c'est là, oui là, le cœur, le fondement de tous nos problèmes.

La monnaie est réserve de valeur et c'est là le fondement de tous nos problèmes.

    Voilà finalement la réponse à la question intitulée de cet article. Pourquoi l'économie organique ? Et bien parce qu'elle est la seule, la première du moins, à proposer de s'attaquer au fondement économique de l'ensemble des sociétés, pour tout changer. Tout cela, simplement en changeant la forme de la monnaie (bon, on verra que ça a pas mal d'implications, mais la base reste ce changement de monnaie).


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